La mention " Mort pour la France " est accordée, suivant certaines conditions, en vertu des articles L 488 à L 492bis du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre.
Aux Lecteurs,
A toutes les erreurs accordez l'indulgence...
Il n'est de gros vaisseau qui à la mer ne danse;
Ni de pensée qui ne varie,
Ni de sage au monde qui ne faillit.
Ces 11692 Poilus, Corses de sang ou de sol, sont morts durant la Première Guerre Mondiale (*)
(*) Reconnus "Mort pour la France" et/ou figurant sur un Monument aux Morts en Corse. A noter les 164 qui ne répondent pas à ces 2 critères (voir la liste dans les Statistiques détaillées).
Vous avez quitté vos champs et vos montagnes,
Vos humbles toits d'ardoise, vos paisibles troupeaux,
Pour abattre l'orgueil de l'Altière Allemagne,
Sous votre fier drapeau.
Souvent votre pensée, franchissant les espaces,
Revoyait la maison où, pour vous, chaque jour,
Les votres, au Bon Dieu, demandaient une grâce:
Hâter votre retour.
Comme les lourds épis d'une tendre moisson,
Vous vous êtes couchés, vaincus par la souffrance,
Et votre jeune sang a creusé les sillons
D'où renait notre France.
Que de pleurs ont coulé dans nos humbles villages
Sur vous, nos chers absents qui ne reviendrez plus,
Sur votre place vide, où votre cher visage
Ne nous sourira plus.
(Jeanne Campana. Tagliu Isulaccia).
Au champ d'honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix; et dans l'espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.
Nous sommes morts,
Nous qui songions la veille encor'
À nos parents, à nos amis,
C'est nous qui reposons ici,
Au champ d'honneur.
À vous jeunes désabusés,
À vous de porter l'oriflamme
Et de garder au fond de l'âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d'honneur.
(John McCrae 1872-1917).
A mes Frères inconnus
J’écris ces mots pour vous, vous mes frères inconnus
Morts au cours de Verdun ou contre les nazis
Pour vous qui êtes tombés dans ces contrées perdues
Là-bas en Indochine ou bien en Algérie
Pour vous qui avez laissé vos femmes et vos champs
Pour défendre un pays que vous ne connaissiez pas
Pour vous qui êtes parti l’âme et le cœur content
Pour ce qui fut hélas votre dernier combat
Seriez-vous morts pour rien courageux insulaires
Vous qui avez répondu à l’appel des grands
Vous qui êtes parti pour défendre une terre
Qui ne semble plus être celle de vos enfants ?
Vous errez maintenant pauvres âmes vagabondes
Sur d’infâmes déserts sur des marais pourris
Combien de fois avez-vous parcouru le monde
Pauvres âmes torturées revenez au pays
Revenez donc chez vous, chez nous dans vos villages
Sur tous nos monuments vos noms y sont gravés
Et si parfois certains parlent de vous avec rage
C’est parce qu’ils n’ont jamais cessé de vous aimer.
(J.P Innocenzi-1992)
" On oubliera.
Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont.
L'image du soldat disparu s'effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qu'il aimait tant.
Et tous les morts mourront pour la deuxième fois. "
(Roland Dorgelès)
Ne les oublions jamais !
D'après mon recensement, 11692 insulaires sont décédés durant la première Guerre Mondiale
(auxquels on pourrait rajouter les 164 morts recensés, nés en Corse, qui ne sont ni reconnus Morts pour la France ni inscrits sur un Monument aux Morts en Corse).
10775 sont officiellement reconnus Morts pour la France (soit 92,16% d'entre eux) et
10415 ont leur nom inscrit sur un Monument aux Morts en Corse (soit 89,08%).
Parmi ces derniers 917 ne seraient pas reconnus Morts pour la France (soit 7,84% d'entre eux).
Il est à noter que 1277 Poilus reconnus Morts pour la France (la plupart nés hors de Corse) ne sont pas cités sur un Monument aux Morts en Corse,
soit 10,92% des Poilus.
10227 Poilus sont nés en Corse, 1465 sont nés hors de Corse.
La commune ayant enregistré le maximum de perte est celle de Bastia, avec 505 morts, les communes de
U Poghju Marinaccia et San Gavinu di Fiumorbu ne comptant qu'un seul décès chacune.
Le plus jeune décédé est né en 1901, un apprenti marin décédé à l'âge de 18 ans, le plus âgé, né en 1842, un adjudant en retraite décédé lors du torpillage du Balkan en 1918.
Militairement, ils se répartissent en 8458 hommes de troupe (soldats, brigadiers et caporaux
et 328 marins et quartiers-maîtres),
2054 sous-officiers (de sergent à aspirant, dont 25 officiers mariniers)
et 1052 officiers (de sous-lieutenant à général),
dont 27 médecins et pharmaciens, et 13 officiers d'administration.
On compte également 26 métiers divers ou affectés spéciaux, 45 gendarmes et 50 inscrits maritimes.
4 grades ou fonctions ne sont pas identifiés.
6234 sont morts au combat (tués à l'ennemi),
734 sont portés disparus sur le champ de bataille,
32 sont morts gazés au combat,
1958 ont succombé des suites de leurs blessures,
503 sont décédés ou ont disparu en mer (dont 229 lors du torpillage du vapeur Balkan, au large de Calvi, en 1918),
1113 sont morts des suites de maladies contractées en service (ou en captivité),
368 de maladies non contractées (ou aggravées) en service,
109 en captivité en Allemagne,
83 d'accidents en service commandé,
45 accidentellement hors service ou dans diverses autres causes indépendantes de la guerre,
9 lors de combats aériens.
Enfin, 21 d'entre eux se sont suicidés et
7 ont été fusillés pour l'exemple suite à de diverses mutineries collectives ou individuelles (6 seulement figurent sur un Monument aux Morts).
476 sont morts des suites de la guerre (blessures, maladies, captivité...).
1395
(soit
11,93%) faisaient partie du
173ème Régiment d'Infanterie (
Le régiment des Corses),
parmi eux
271 étaient incorporés au
373ème, qui était le régiment de réserve du
173ème .
2619 sont morts dès les premiers mois de la guerre, d'Août à Décembre 1914,
et 2952 lors de l'année 1915,
2000 en 1916,
1333 en 1917 et
2010 en 1918.
280 sont morts en 1919, et, au moins
498 sont décédés (reconnus Morts pour la France et/ou ont leur nom gravé sur un Monument) après 1919,
des suites de maladies, de leur captivité, de leurs blessures ou des effets dûs aux gaz de combat.
Enfin, la plupart d'entre eux (au moins 8027) sont morts dans les départements de l'Est et du Nord de la France
(Meuse (2303),
Marne (1619),
Haute-Marne (17),
Somme (929),
Aisne (861),
Meurthe-et-Moselle (462),
Pas-de-Calais (428),
Moselle (301),
Oise (302),
Haut-Rhin (268),
Vosges (304),
Ardennes (104),
Seine-et-Marne (30),
Nord (36),
Bas-Rhin (17),
Aube (16) etc...),
les autres se répartissant entre les divers hôpitaux de France, en Allemagne (129), ou sur les fronts de
Belgique (439), de
Turquie, notamment dans les Dardanelles (2258), de
Grèce (89), de Serbie (171), du Maroc (69), de Macédoine (20), d'Italie (17)... ou d'ailleurs...
A noter que 658 Poilus se sont éteints en Corse (soit dans les hôpitaux insulaires (Aiacciu, Bastia,
Bunifaziu, Calvi ou Corti), soit dans leur foyer).
Le lieu de décès de 188 Poilus n'est pas connu.
Sur les 361 communes que compte à ce jour la Corse, 307 enregistrent au moins une famille ayant vu plus d'un de ses membres tué lors de la
Première Guerre Mondiale. On dénombre ainsi :
1000 familles qui ont perdu 2 membres, dont 993, deux fils (dont 5 fratries de jumeaux),
5 qui ont perdu le père et un fils (à Bucugnà, Corti (2), Luri et PortiVechju),
et 2 qui ont perdu un frère et une sœur (à Merusaglia et E Ville di Petrubugna).
95 familles qui ont perdu 3 membres, dont 93, trois fils, et 2, le père et deux fils (à Aregnu et Ota),
5 familles qui ont perdu quatre fils chacune, (à Canale di Verde, Oletta, A Piana, Tagliu Isulaccia et Zalana),
2 familles qui ont perdu cinq fils chacune (à Lecci et Olmi e’Cappella).
Ce qui donne un total de 1102 familles touchées et 2309 Corses tués au cours ou des suites de la guerre, soit près de 20% des morts recensés
(Morts pour la France et/ou ayant leur nom inscrit sur un Monument aux Morts en Corse).